Jef Van Staeyen

Auteur/autrice : Jef Van Staeyen (Page 5 of 57)

ce que les églises sont pour Naples, le métro l’est pour Montréal ❧

(version modifiée et complétée, mai 2024)

 

 

Le 13 novembre 2021, j’ai publié sur ce site un article élogieux au sujet de l’architecture du métro de Montréal. Deux nouvelles visites à cette ville, en avril 2022 et mai 2024, m’ont apporté de nouvelles photos et de nouvelles idées. Désormais, vous trouvez ici quatre photo-reportages complets des quatre lignes de métro de Montréal. Complets, ou incomplets, au sens que toutes les 68 stations sont traitées, mais pas tous leurs éléments intérieurs et extérieurs. Je n’ai pas parcouru tous les couloirs vers toutes les sorties (ou entrées), et certains éléments peuvent avoir échappé à mon attention, ou peuvent avoir été difficiles à photographier. Mon regard demeure d’ailleurs subjectif. La station Peel sur la ligne verte m’intéresse beaucoup plus que sa voisine McGill. Vous verrez vous-même pourquoi. Le réseau continue d’ailleurs d’évoluer. La STM, Société de Transport de Montréal, rénove et parfois transforme les stations, afin d’assurer à terme l’accessibilité universelle. [Elle travaille aussi au prolongement de la ligne bleue vers l’Est.]

 

  La ligne verte Angrignon — Honoré Beaugrand compte 27 stations.

  La ligne orange Côte-Vertu — Montmorency compte 31 stations. Les stations de correspondance Lionel Groulx et Berri-UQAM, déjà mentionnées pour la ligne verte, sont également reprises.

  La ligne bleue Snowdon — Saint-Michel compte 12 stations. Ici aussi, les stations de correspondance déjà montrées — dans ce cas Snowdon et Jean Talon, de la ligne orange — sont également reprises.

  Pour être complet — encore que — voici la ligne jaune Berri-UQAM — Longueuil-Université de Sherbrooke. La ligne est courte et son nom est long, seulement 3 stations, dont la première, Berri-UQAM, était déjà présente pour les lignes verte et orange, et dont la dernière, Longueuil…, est en travaux et difficile à observer.

  Trois des quatre stations de correspondance — Lionel Groulx, Snowdon et Berri-UQAM — sont des chefs d’œuvre pour ce qui est de l’organisation des flux de voyageurs. Lisez et regardez ici pourquoi.

 

En décembre 2023, le Cahier de l’Espace public a publié ma contribution au sujet du métro de Montréal: le Trésor souterrain de Montréal.
“Les voyageurs qui se rendent à Montréal ne le font pas pour la qualité de son architecture, et ceux qui y prennent le métro le font par souci de facilité.  Pourtant, c’est là, dans ce réseau souterrain, qu’ils découvrent des espaces publics parmi les plus intéressants qu’offre la ville, et qui n’ont pas leur égal en Europe de l’Ouest…”

Et ceci est, en rappel,  un lien vers le texte écrit en novembre 2021.

 

étoiles ★★★★

De façon très subjective, j’attribue les étoiles de qualité suivantes aux stations de métro.

★★★★ quatre étoiles: LaSalle, Verdun et Radisson (ligne verte),

★★★ trois étoiles: De l’Église, Peel, Langelier (ligne verte), Plamondon, Place Saint-Henri, Georges Vanier, Lucien L’Allier, Bonaventure, Rosemont, Jarry (ligne orange), et Outremont (ligne bleue),

★★★ trois étoiles également, pour l’organisation des flux de voyageurs: les stations de correspondance Lionel Groulx, Snowdon et Berri-UQAM,

★★ deux étoiles: Angrignon, Monk, Jolicœur, Charlevoix, Place des Arts, Beaudry, Préfontaine, Joliette, Pie IX, Viau, Assomption, Cadillac, Honoré Beaugrand (ligne verte), Du Collège, De la Savane, Côte Saint-Catherine, Villa Maria, Vendôme, Champ de Mars, Mont Royal, Laurier, Beaubien, Jean Talon, Crémazie, De la Concorde (ligne orange), Côte des Neiges, Université de Montréal, Édouard Montpetit, Acadie, Parc, De Castelnau, Jean Talon, Fabre, D’Iberville en Saint-Michel (ligne bleue), et Jean Drapeau (ligne jaune),

★ une étoile: Saint-Laurent, Frontenac (ligne verte), Côte-Vertu, Namur, Square Victoria OACI, Place d’Armes, Sherbrooke, Sauvé, Henri Bourassa, Cartier, Montmorency (ligne orange), et Longueuil Université de Sherbrooke (ligne jaune),

aucune étoile: Atwater, Guy Concordia, McGill et Papineau (ligne verte).

 

Remarquez:

  • La plupart des stations ont de (très) bonnes notes. Beaucoup de stations ont deux étoiles. Peu nombreuses sont les stations qui n’atteignent pas ce niveau élevé. Sur la ligne bleue, toutes les stations ont deux ou même trois étoiles.
  • Plusieurs fois, il a été difficile de choisir entre deux ou trois étoiles: Monk, Charlevoix, De la Concorde…
  • Comparé à 2022, j’enlève une étoile à Bonaventure, à cause de la difficile relation avec le niveau de la rue, et j’en ajoute une à Mont Royal, Rosemont et Jean Drapeau, la première après les importants travaux de rénovation, les deux autres après une (ou plusieurs) nouvelles visites. Il reste possible qu’après les travaux, Longueuil Université de Sherbrooke bénéfice du même traitement.
  • Mes choix (et donc mes étoiles) privilégient les qualités spatiales et la clarté des trajets plutôt que la nature des finitions ou la présence d’œuvres d’art. Je dois avouer aussi que j’ai un faible pour l’architecture brutaliste (Verdun, De l’Église, Outremont…).
  • Tout cela est et reste subjectif.

Ensemble avec les photos, les descriptions et les schémas, ces nombreuses étoiles témoignent de la qualité du métro de Montréal, qui mérite vraiment qu’on le visite et admire — et l’utilise, car il est fort pratique. Ce que les églises sont pour Naples, le métro l’est pour Montréal.
Vaut le voyage.

n’oublions pas Mr. Fenchel — À l’est d’Eden, John Steinbeck ❧

Par les temps qui courent — la guerre en Ukraine, s’entend — il peut être opportun de relire ce bref extrait du roman “À l’est d’Eden” de John Steinbeck. La scène se passe à Salinas, en Californie, fin 1917 ou début 1918, alors que les États-Unis sont entrés en guerre contre l’Allemagne. Par un souvenir de jeunesse personnel, Steinbeck avertit ses lecteurs des risques d’amalgame, entre un pays ennemi (dans ce cas l’Allemagne) et ses ressortissants (les Allemands), surtout quand ils ont la malchance d’habiter là où l’on aimerait ne pas les voir (un paisible Allemand, Mr. Fenchel, parmi ses concitoyens états-uniens).

Le fichier joint donne d’abord ce bref extrait en anglais, et puis deux traductions, d’abord en néerlandais, et puis en français: “We had our internal enemies too, and we exercised vigilance.”

 

Trois petites remarques:

  • C’est en passant à la Grande bibliothèque du Québec à Montréal que j’ai pu copier le texte français. [Certes, il doit y avoir beaucoup d’autres lieux où le trouver, mais là c’était le plus pratique.] Cette bibliothèque est sublime!
  • La traduction française de 1954, pourtant rééditée en 2007 (!) — et toujours diffusée — comprend dans ce bref extrait de deux pages: (1) une grosse erreur, (2) une petite erreur et (3) une faiblesse. Je me suis permis de les corriger — et m’interroge sur la qualité du reste du texte.
  • Dans le contexte socio-économique actuel The Grapes of Wrath (Les raisins de la colère), également de John Steinbeck, 1939, mérite également d’être (re)lu. Si vous ne lisez pas tout, lisez au moins le chapitre 19 (page 240 et suivantes): “…cette grande vérité: lorsque la propriété est accumulée dans un trop petit nombre de mains, elle [leur sera] enlevée… et cette autre, qui lui fait pendant: lorsqu’une majorité a faim et froid, elle prendra par la force ce dont elle a besoin…“.

trésor de la langue française

chers amis francophiles,

Il m’a fallu du temps pour découvrir ce joyau. Cette perle. Ce bijou. Cette pépite de la langue française.
C’est un article du Monde du 19 mars — Réforme du calcul de l’APL [aide personnalisée au logement]: le cauchemar des agents de la CAF [Caisse des allocations familiales] — qui m’a fait tomber dessus: la contemporanéisation.
En bref, il s’agit de calculer le montant des aides mensuelles (aujourd’hui l’APL, demain aussi d’autres) sur les données les plus récentes. Alors que dans le passé c’étaient les revenus de deux ans plus tôt qui servaient de référence. Maints ménages et maintes personnes se sont fait piéger par ce mode de calcul, dont la suppression fera aussi — qui s’en étonnerait? — quelques économies au budget de l’État.

Il faut penser que les têtes d’œuf, c’est-à-dire les consultants qui ont conseillé l’État — car c’est le consultant qui conseille, et celui qui cherche des conseils qui consulte… sauf en médecine, où la consultation est bidirectionnelle quand le patient consulte un médecin qui consulte… —, après avoir mûrement réfléchi, se sont laissé tomber la tête fatiguée sur le clavier de leur mac au moment où il s’agissait de trouver un nom pour la chose. Il en est résulté une incompréhensible succession de suffixes, produisant le substantif contemporanéisation, véritable piège orthographique, sans oublier son incommensurable imprononçabilité. Je suppose alors que les agents de la CAF, et autres personnes martyrisées par le calcul des aides, se cassent la tête (la leur, et parfois celles des autres) quand il s’agit de contemporanéisationner.
À l’imparfait du subjonctif, ça doit donner: je ne m’imaginais pas que nous contemporanéisationnassions autant.

Je précise toutefois que le verbe contemporanéisationner n’existe pas encore. À mon avis, il ne manquera pas d’apparaître, vu la tendance à créer de nouveaux verbes en “tionner” chaque fois qu’un problème se présente (qu’un verbe initial semble oublié, ou trop difficile à conjuguer), ou pour signaler un léger décalage de signification. Pensons à solutionner, révolutionner, questionner, positionner, voire acquisitionner et libérationner.
À l’inverse, il n’est pas impossible que dans les services, on parle plutôt de la contempoSi vous avez un instant, madame, je vous fais votre contempo!

Mais la véritable perle, je l’ai trouvée ailleurs. On comprend que dans la contemporanéisation, il s’agit d’accorder les temps — pour qu’ils concordent —, de les synchroniser: le temps du revenu et celui de l’aide. Or, ce n’est pas facile, ce qui a conduit, il y a quelques années déjà, à décaler les temps, à repousser la réforme, à l’ajourner, retarder ou postposer, à la reporter — la langue française a plus de verbes pour reculer que pour avancer; on postpose partout mais ne prépose qu’à la poste —, c’est-à-dire au report de la contemporanéisation, comme on pouvait lire dans ce joli titre sur le site web de l’USH (uëssache).

Plutôt que de report, je serais tenté, pour ma part, de parler de temporisation:  la temporisation de la contemporanéisation.
Évitons néanmoins d’envisager une contemporanéisation temporisationnée.

Sol Lewitt au Musée Juif de Bruxelles ❧

Jusqu’au 1er mai (2022), le Musée Juif de Belgique expose quelques œuvres de Sol Lewitt (1928-2007).
En 2013, j’ai pu voir son travail au Massachusetts Museum of Contemporary Art (MASS MoCA) à North-Adams (au Massachusetts, ça va sans dire). L’œuvre de Sol Lewitt se distingue de la production plastique “courante” par le fait qu’elle ne se réduit pas aux objets matériels créés, ni à des “performances“. Ce que l’on voit n’est pas l’œuvre même, mais une exécution, une représentation de celle-ci. Pensons à un concert, où l’on entend pas une partition, mais une exécution de celle-ci.

L’expo au Musée Juif est beaucoup plus petite, mais aussi passionante et intense.

 

Cliquez ici, ou cliquez sur l’image.

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